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Titre du blog : Au fond de mon âme
Auteur : alinesecret
Date de création : 11-07-2012
 
posté le 23-05-2015 à 11:12:52

Quand la bataille fait rage

Les pensées. Toujours les pensées. Elles montent en moi comme une conspiration. Doucement. d'abord, je laisse mon esprit vagabonder, en faisant attention de ne pas le laisser partir trop loin. Je sais ce qui risque de m'arriver si jamais je perdais le contrôle. Ça fait du bien de se plaindre de temps en temps. D'imaginer que la faute ne vient pas de nous, mais bien de l'autre. Comment pourrait-elle venir de moi ? Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour être quelqu'un de vrai et d'honnête. Seulement voilà, on ne contrôle pas les méandres de notre esprit. Comme s'il avait une vie à lui tout seul. Un jugement à lui tout seul. Un message à nous faire passer...pourtant ce message n'est pas gai. Alors que j'avais juste décidé de me remémorer une conversation passée qui m'avait frustrée car ne répondant pas du tout à mes attentes, voilà que tout dérape. Les pensées s’accélèrent. Presque inconscientes. Je n'en ressens pas les mots, juste le sens. Leur sens semble être une évidence. Il teinte le fond de mon cœur. Pourtant, ce n'est que douleur. Ces pensées pré-conscientes, ce n'est pas moi qui les forme. Je n'ai aucun contrôle dessus. Elles sont juste là, elle m'emprisonnent. Elles me paraissent tellement évidentes, tellement justes et vraies lorsqu'elles me soufflent au coin de l'oreille que je suis une personne sans réel intérêt. Que je ne m'en sortirai jamais, et que je ne trouverai ma place nul part. Elles semblent impossible à contredire ! Je suis une peine perdue qui ferait mieux de ne pas exister. D'ailleurs, cela ne changerai rien à ce monde si je n'y été pas. Par contre moi, je serai bien plus sereine. Je n'aurai pas à endurer ces attaques nocturnes. Alors, je me laisse à pleurer. Un peu, tout doucement. J'ai des amis qui sont dans la chambre. Je n'ai pas envie qu'elles voient ma faiblesse. Qu'elles voient l'horreur qui m'emprisonne si régulièrement. Je n'ai pas envie qu'elles sachent combien je suis atteinte, combien les pensées, ces méchantes pensées m'atteignent petit à petit, m'envoient des flèches que je ne sais pas toujours éviter. Je n'ai pas envie qu'on sache à quel point la douleur est en moi. Je ne veux pas qu'on me prenne en pitié. Pourtant, j'aurai besoin d'affection. Mais je ne veux pas que ce combat détermine celle que je suis. Je ne veux pas que les autres me voient comme ça. Je veux pouvoir être un encouragement pour mes amis. Je veux pouvoir écouter leurs peurs, les consoler. J'ai besoin qu'elles me sentent assez forte pour les aider à porter leur fardeau. Moi, je porterai le mien seule. Je ne sais si c'est une question d'orgueil ou juste un besoin de me sentir forte et de ne pas me laisser piétiner par ces pensées, ces redoutables ennemis. Mais les larmes s'intensifient, j'essaie de contrôler ma respiration. L'étau se resserre autour de moi. Il faut que je sorte de la pièce. Il faut que je sorte de la pièce, parce qu'il ne faut pas qu'elles m'entendent. Je ne veux pas qu'elles me voient ainsi. En plein moment de faiblesse. Je ne veux pas qu'elles sachent que les pensées ont presque gagnées. Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas. J'ai honte. Je devrai être assez forte pour maintenir le combat. Pour continuer à me battre. Je ne veux pas perdre la guerre. Certes, ce n'est pas la première bataille où la défaite fait rage, combien d'autres nuits avant celles-ci ont déjà vues le jour ? Mais j'ai l'intime espoir qu'un jour, on signera l'armistice moi et mes pensées. Mais en attendant, je ne veux pas les laisser modifier qui je suis. Je prends mon matelas, je prends mon sac de couchage. Je prends mon doudou-cochon. Je vais dans le couloir. J'espère ne pas les avoir réveillées. Et là, je me laisse aller. Trop de pression, il faut que je pleure. Seulement, ma respiration s’accélère, une fois la porte d'entrée entrouverte, la douleur s'engouffre au fond de mon coeur, de mes poumons de mon âme. Je n'ai plus d'air, mon diaphragme fait des allez-retour à une vitesse totalement improbable. L'hyperventilation. Les larmes qui coulent à flot. Trop de bruit, j'ai fait trop de bruit. Elles sortent de la pièce. Que vais-je pouvoir leur dire ? Je ne veux pas qu'elles voient ça ! Comment vais-je pouvoir leur expliquer ce qui se passe ? Elles me demandent si ça va, je ne peut pas répondre. Je ne peux pas parler. Il faut que je me concentre pour pouvoir contrôler ma respiration. Je sens une main qui caresse mon dos. C'est si bon. Mais en même temps, ce n'est pas bien. Ça montre qu'elles ont pitié de moi. J’entends quelqu'un me demander si j'ai besoin d'un mouchoir. Oh que oui, j'en ai tellement besoin. Mais je ne peux m'exprimer. J'attends, je me concentre sur ma respiration. Quand celle-ci vient à se calmer, une pensée essaie une dernière attaque : « On te laisse en paix pour ce soir, mais c'est temporaire. On reviendra, on ne t'abandonne pas. Jamais tu ne pourras nous échapper. » Puis, tout redevient calme dans ma tête. Ma respiration retrouve un rythme normal. Alors je m'assois. J'affronte les regards peinés des autres. Et je lance un pitoyable : « ra la la, foutues pensées. » Elles hochent la tête. Et finalement, elles se proposent de prier. Elles me disent que je ne serai jamais seule, car Dieu sera toujours à mes côtés. Elles ont raison. C'est lui mon bouclier et mon arme. Le seul à pouvoir m'accompagner dans cette guerre.

Je n'abandonnerai pas, parce que j'ai la foi. Je ne veux pas laisser les pensées, le diable ou toutes autres formes de douleur m'atteindre. Parce que je l'ai lui. Et il m'aime. Et il a donné son fils pour moi, afin que je vive cette satanée vie. Je n'ai pas le droit de cracher dessus. Ce serait ingrat envers tout ce qu'il a fait pour moi.

On va se recoucher, on papote. Et tout ce que j'espère au fond de moi, c'est que demain, j'aurai la chance de vivre une journée sans trop de tumultes. Et que ça n'affectera pas la personne que je suis. Ravie de voir la beauté et le bonheur dans les toutes petites choses de la vie.

 

--Aline