J’avoue ne pas savoir encore la direction que mes doigts et mes pensées donneront à cet article. Ce que je sais, c’est que j’aimerai aborder plusieurs choses. D’abords, j’aimerai parler de la fin de mon voyage, du retour à la normal, de tout ce que ça m’a apporté. J’aimerai aussi mettre sur papier (ou fichier Word) les dernières réflexions que j’ai pu avoir sur ma vie et aussi les craintes et les combats d’aujourd’hui.
Mais par où commencer quand ces sujets sont si vastes ?
Je crois que je n’ai pas écrit depuis que je suis rentrée en France. Je pense que je n’ai pas eu beaucoup de temps à l’introspection, mais aussi et surtout que jusque-là, il m’était impossible d’accéder à certains souvenirs car il m’était trop difficile d’accepter que ce temps soit derrière moi. Aujourd’hui, j’aimerai vraiment prendre le temps de me poser afin de réfléchir sur l’année qui s’est écoulée.
Ce que je peux noter, c’est combien mes souvenirs sont étrangement teintés de nostalgie. Il suffit que je pense à une rue, un magasin, l’odeur d’un couloir pour que l’image s’impose à moi de façon beaucoup plus forte que pour le reste de mes souvenirs. Je ne pense pas à mes anciens appartements/chambres avec autant d’émotions que lorsque je pense à mon appartement à Trois-Rivières. Je ne pense pas aux anciens cafés dans lesquels je me suis posée avec cette émotion douce-amère comme lorsque je pense au café Morgane. J’arrive encore clairement à voir dans mon esprit les routes que j’ai emprunté tout au long de l’année, les salles de classes, les supermarchés, les restaurants, le tout teinté bien plus vivement que mes souvenirs de cet été ! J’avoue ne pas avoir d’hypothèse sur cette étrangeté. Cependant, je peux dire que ça rend le retour à la réalité beaucoup plus difficile. En effet, il me suffit de pas grand-chose pour retourner là-bas, et m’y perdre.
Pourtant, il y a eu tellement de joie dans ce retour ! J’ai pu retrouver des amies que je n’avais pas vu depuis tellement de temps, et j’ai l’impression que ces amitiés sont bien plus fortes que lorsque je suis partie. Mais ce qui est difficile toutefois, c’est de s’insérer dans un monde qui à continuer de vivre sans moi. Ce n’est pas comme si j’étais nouvelle dans un endroit où il me reste tout à découvrir et où l’excitation des nouvelles rencontres et de nouveaux lieux m’enivre. Non, je suis dans un endroit où je connais les gens de loin, où j’ai des souvenirs pour la plupart douloureux et où je suis dans l’obligation de faire des mises à jour entre ce qui était ma vie autrefois et ce qu’elle est actuellement. Revenir sur les traces du passé est un exercice difficile, sachant qu’une des raisons principales pour laquelle je suis partie, c’était pour être délivrée de l’emprise que la vie avait sur moi. Aussi, le fait de retrouver un ancien environnement avec les anciennes habitudes qui vont avec me donne l’impression de n’avoir pas vraiment vécues ces expériences, de n’être jamais vraiment partie.
Pourtant, tant de choses ont changées !
Ce voyage a été une réelle bénédiction. Oui, il y a eu des hauts et des bas, mon année n’a pas été rose à 100%, et pourtant, cela m’a transformé.
Pour aller plus loin, je pourrais même dire que ce voyage m’a guéri. (Enfin, Dieu a utilisé ce voyage pour me faire grandir et sortir de l’état dans lequel je me trouvais.)
Je ne sais plus si j’en ai réellement parlé sur ce blog, mais au moment de partir, j’étais en quelque sorte en dépression. Je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite. C’est venu tout seul, petit à petit. Ces derniers temps, je me suis replongée dans ces souvenirs douloureux car je me suis dit que c’était le meilleur moyen de soupesé la façon dont Dieu m’a béni et comment l’Esprit a travaillé en moi pendant cette année. Alors je me suis rappelé ces longues nuits à pleurer, demandant à Dieu d’envoyer un camion m’écraser. Je me suis rappelée ce vide oppressant, ce sentiment que personne ne pouvait m’aimer. Je me suis rappelé l’impossibilité de ressentir de vraies émotions positives. Je me suis rappelé ces longues crises d’angoisses, la peur des gens, le repli sur moi-même. Je me suis souvenue de ces longues journées de procrastination, de ces moments où en l’espace de 10 minutes je mangeais tout ce que je pouvais trouver. Je me suis rappelé ces larmes. Ces larmes. Ces larmes. Mes yeux bouffis au réveil. L’impossibilité d’en parler. Si j’en parle, je vais être un poids. Et puis de toute façon, j’arnaque le gens. Ils ne le savent pas, mais ils perdent de bien précieuses minutes de leur temps à le passer avec moi.
Ces quelques phrases, ces quelques mots, c’était mon quotidien. Et personne n’a su. Personne n’a su à quel point c’était difficile. A quel point je n’avais juste pas envie de continuer à vivre. A quel point la vie me semblait être une épreuve insurmontable. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais obligée de vivre puisque la vie me semblait être sans saveur, juste douleur. Je me suis éloignée de mes amies, je n’ai jamais accepté que mon petit ami puisse vraiment m’aimer. Je ne lui ai rien donné. Il a certainement été la seule personne à avoir eu un aperçu de ce qui se passait en dedans de moi, mais même lui ne savait pas tout.
Je dis souvent qu’il y a eu trois raisons à mon départ : l’envie de fuir cet environnement qui me rendait malade et de me donner une dernière chance de trouver quelque chose qui me fasse dire que la vie en valait la peine, la relation houleuse avec ma mère et les projets d’avenir oppressants avec ce petit ami. Avec un peu de recul, je me rends compte que je ne l’ai jamais aimé comme j’aurai dû parce que je passais trop de temps à penser que c’était impossible qu’on puisse m’aimer moi.
Alors je me suis envolée. Je suis partie loin, de l’autre côté de l’océan. Ça a certainement été la plus belle décision de ma vie. Je suis arrivée dans un nouvel environnement où j’avais tout à découvrir, et cette excitation naissante a réveillé en moi l’envie de me reconnecter à la vie, de me réjouir de mon quotidien, de regarder les belles choses et non les mauvaises.
J’ai eu l’occasion de vivre pleins de belles choses, de suivre des cours qui m’intéressaient vraiment, de voyager, beaucoup. J’ai rencontré des gens qui avaient aussi leurs souffrances, je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à vivre un combat intérieur. Petit à petit, mon âme c’est apaisée.
J’ai vécu pleins d’expériences formidables…mais je ne souhaite pas les détailler ici. Je veux plutôt écrire ce que cette année m’a apportée.
Déjà, j’ai appris que j’avais de la valeur peu importe le nombre d’amis que je pouvais avoir. J’ai appris que j’étais telle que je suis, unique et bien que qualitativement différentes des autres, tout aussi importante. J’ai compris qu’on a tous une personnalité différente, qu’on a tous une identité différente, mais qu’on est aussi tous bien plus que la simple enveloppe qu’on veut laisser paraître. J’ai compris qu’il n’y avait pas à faire de jugement selon les traits de personnalité des gens. Ce n’est pas parce que tu es extraverti que tu es mieux que celui qui ne l’est pas. Ce n’est pas parce que tu n’es pas drôle que tu es moins intéressant que le pitre du fond de la classe.
Aussi, j’ai compris que la vie, je la vivais pour moi. (Pour Dieu aussi) Je n’ai rien à attendre des autres, ni leur approbation, ni leur amitié. S’ils veulent me la donner, c’est génial, fantastique, merci Seigneur. Mais je continuerai mon chemin même si quelqu’un ne m’aime pas. Ça ne doit plus m’atteindre. Je veux pouvoir donner mon amitié en m’affranchissant du biais de réciprocité qui est propre à l’être humain. Je veux pouvoir donner sans m’attendre à ce qu’on me le rende.
Je me rends compte aujourd’hui que Dieu me remplit vraiment de sa paix et de sa joie. Pour la première fois depuis longtemps, je ressens de vraies émotions positives. J’arrive à me réjouir de ce qui m’arrive, j’arrive à avoir la pêche rien qu’en écoutant de la musique, en échangeant trois phrases avec un ami, en vivant.
Oui, par ce voyage et tout ce qu’il englobe (les rencontres que j’ai pu faire, les voyages, le temps qui m’a éloigné de mes souffrances), Dieu m’a redonné goût à la vie. Dieu m’a redonné espoir en la vie. Et j’ai d’autant plus envie de le suivre aujourd’hui.
Je continue à avoir ma tête qui bouillonne. Je continue à avoir peur de parler aux gens, à ne pas trop savoir quoi leur dire. Mais j’ai la force de le combattre, et de recommencer.
Je continue à avoir la crainte de ne pas trouver ma place. Dans quelle église je dois aller ? Est-ce que je vais réussir à rencontrer des amis qui seront comme une famille pour moi ? Qu’est-ce que je peux faire pour rendre ma vie significative ?
Je ne suis pas tout à fait sûre d’aimer les études que j’ai décidé de suivre. Je pensais vraiment qu’en rentrant en master de Neuropsychologie cognitive clinique, j’allais enfin faire exactement ce qui me plaisait. Mais pour l’instant, je ne suis pas si emballée que ça.
D’autres petites affaires me torturent le crâne. Mais dans le fond, je veux juste avoir foi en Dieu. Je veux proclamer qu’il a la victoire. Je me rends compte aujourd’hui combien il a conduit mon année, alors même que je n’étais pas tout le temps à la recherche de sa volonté et de sa présence. Chacune des épreuves par lesquelles je suis passée m’a fait grandir.
Je sais que Dieu utilise ces moments difficiles pour nous façonner.
Je reste moi. J’ai peur des gens mais je suis complètement tarée. Je suis celle qui rigole fort et dit n’importe quoi, mais peut tout à faire rester dans un coin sans ouvrir la bouche. Je suis remplie de contradictions, je ne me connais pas moi-même.
Mais Dieu me connaît. Il sait où je vais.
Un autre de mes combats ? Partager ma foi. Je ne sais pas comment faire. Mais je sais qu’il est là pour m’aider et qu’il me regarde avancer de mes pas de souris avec bienveillance.
J’ai peur aussi de ne jamais trouver un mari. De finir seule. Une fois encore, je veux croire que Dieu guide toutes choses.
Ma plus grande aspiration ? Rencontrer des gens avec qui je me sente moi-même, avec qui je puisse partager, avec qui je puisse grandir.
Mon objectif ? Prendre soin des relations que j’ai actuellement. Mes amis retrouvés après tant de temps. Recréer du lien, recréer le partage.
Ma plus grande reconnaissance ? La paix et la joie dans mon cœur, alors même que je me trouve face à tant d’incertitudes.
Merci Papa pour toutes ces bénédictions. Merci Papa d’être là avec moi.
Je t’aime.
--Aline
Commentaires
Tu aimes écrire..!
bon retour à la normal..
3 rivieres tu étais au Canada ?
On est tjrs "seul" dans sa peau, et c pour tout le monde pareil.
Vu ton amour pour Dieu, tu devrais rentrer au couvent ?
Dans le texte d'avant j'aime bien le "coucou devant le miroir".. ça m'a fait rire..
on se regarde dans le miroir, et on se demande "mais qui suis je ?"
bonne continuation, et fonces dans le POSITIF !
(lu par hasard)