Ces derniers temps, j’ai un peu l’impression de me perdre. C’est étrange comme sentiment, pas vraiment confortable. J’ai l’impression de voir partir au loin ce qui façonne mon être. Qui suis-je ? où ai-je envie d’aller ? Le plus difficile dans l’histoire, c’est d’observer le fossé qui existe entre moi, celle que j’ai l’impression d’être et celle que je veux être. J’ai beaucoup de mal à concilier les deux.
Je suis remplie d’idéaux, de valeurs. Je suis remplie d’espoirs, de rêves. J’aimerai aimer.
J’aimerai avant tout pouvoir donner. Il me semble que rien n’a plus de valeur que pouvoir donner un petit bout de soi aux autres. Je ne vois aucunement l’intérêt de vivre dans le présent si je ne peux pas aider/aimer/servir l’autre. J’aurai l’impression d’avoir rater et gâcher ma vie si je n’apporte rien autour de moi. Si je m’arrête à ce qui consiste mon être, si je m’arrête à mes besoins, mes désirs et que j’exclue les autres, alors toute ma vie me semble insignifiante et sans valeur. Je peux faire ce que je veux, mais si ce n’est pas pour le partager, alors je n’en vois pas l’intérêt.
A quoi ça sert de poursuivre des idéaux, des objectifs personnels et individuels si je ne peux pas les partager ? Je déteste plus que tout cette société individualiste qui a mis sur un piédestal l’être humain dans toute sa grandeur et sa solitude. En faisant de nous des êtres vaniteux ne poursuivant que notre bien-être misérable, la société a éteint l’essence même de l’existence.
J’aimerai tant être cette petite souris, simplement présente pour le bien des autres. J’aimerai tant que mes besoins disparaissent pour pouvoir totalement me consacrer aux besoins de ceux autour de moi. J’aimerai tellement pouvoir aimer. Aimer toutes les personnes qui m’entourent. Les aimer pour la vie. Les aimer sans contrepartie. Leur apporter un peu de joie, un peu de bonheur.
Et pourtant, mes comportements, mes pensées reflètent quelque chose de complètement différent. En effet, naturellement, je me dirige vers les choses qui me nourrissent. J’essaie de côtoyer les personnes qui remplissent mon égo, je cherche continuellement à me battre pour trouver ma place, mon propre bonheur et mon bien-être. Quasiment la totalité de mes pensées tournent autour de moi, de mon bien-être, de mon désir de popularité.
Et ce décalage me fait souffrir. Je me sens tellement illégitime. J’ai l’impression de ne pas être sincère lorsque j’échange avec les gens autour de moi. J’ai l’impression de mentir sur qui je suis. Parce que dans mon idéal, je veux aller vers les gens pour les aimer et pour être ce vecteur de l’amour de Dieu. Et pourtant, dans les faits, je m’approche uniquement des personnes avec qui je me sens bien. Je m’approche uniquement des personnes qui me font sentir meilleure. Je recherche à créer des relations pour satisfaire mon besoin d’appartenance. Je cherche à me faire des amis, pour me sentir moins seule. Mais je suis complètement en désaccord mentale avec cette idée !
Est-ce que tu comprends ce décalage ? Cela me travaille jour après jour. Je ne suis plus en mesure d’apprécier un compliment. Je ne suis pas en mesure d’apprécier quand quelqu’un me dit que je lui ai fait du bien.
Oui, c’est dans mes valeurs, c’est ce qui me tiens à cœur, c’est ce qui me remplit de zèle et d’espoir. Pouvoir donner, tout donner.
Pourtant, ce n’est pas comme cela que je me comporte. Inconsciemment, je ne fais que ce qui me fait du bien.
Je cherche le flow, je cherche les relations qui me brosse dans le sens du poil, je cherche avant tout à me sentir chez moi, en famille. Je recherche des relations dans lesquelles je n’aurais pas peur d’être moi.
Mes objectifs concrets, les seules choses que j’arrive à mettre en place sont horriblement autocentrés.
Je déteste l’idée d’être aussi égoïste.
Oui, je veux accepter, aimer, découvrir l’autre dans tout ce qu’il est. Oui, je veux apprendre à l’apprécier avec ses différences, je veux l’aimer avec ses défauts et ses qualités, dans l’idéal, je veux juste être là pour faire du bien.
Mais je ne m’approche de presque personne parce que les gens me font peur.
Et les gens autour de moi, je ne sais pas comment leur faire du bien.
Comment concilié mon comportement, mes pensées qui m’emprisonnent et que je ne choisis pas, avec mes idéaux et mes valeurs ?
Est-ce que je dois apprendre à être plus moi-même, ou est-ce que je dois me battre pour devenir la personne que je veux être ?
Dois-je chercher à répondre à mon idéal, à me battre pour aimer plus, ou est-ce que je dois chercher à me connaître de manière plus authentique ?
J’ai peur de découvrir que la personne que je suis réellement est loin de celle que je veux être.
Ma prière est la suivante, la seule et l’unique. Papa, mon Dieu, je t’en prie, fait mourir mon égo. Transforme-moi selon tes plans, selon ta voie. Fait de moi ton enfant. Donne-moi les qualités que tu veux voir fleurir en moi.
Je ne veux plus passer mon temps à ruminer mes problèmes. Je veux juste être. Être là pour les autres.
Mais comment faire alors que ma seule volonté, parfois, c’est juste de m’enfermer dans ma chambre ?
AAAARG.
Papa, je t’en prie, montre-moi quel chemin tu veux pour moi !